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Channel: Volupté & Hédonisme
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Encore quelques mots sur elle

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Ce soir, il avait débranché son téléphone, mis en silence ses mobiles, oubliés sous deux piles de livres. John cherchait une inspiration qui lui permettait d'écrire encore, de combler page après page le squelette de cette histoire pour lui donner une forme, une silhouette humaine.

Chaque paragraphe devenait un muscle avec le point final, avec les bas nylon qui enveloppait aussitôt cette jambe, cette cuisse longue avec ce creux longitudinal qui creusait imperceptiblement la longueur de ses muscles, dans une beauté spectaculaire. Il écrivait et donnait vie et formes à ses personnages, il leur donnait des mots, et au-delà encore des paroles dans leurs échanges. Des corps-à-corps dont certaines amies lui demandaient l'existence, le moment vécu et dont il répondait que seule l'imagination était la source.

Il décrivait une guêpière de dentelle jamais croisée, mais si vivante.




John était épuisé par ces derniers jours, ces dernières semaines, car la pression était immense, les moments de douleurs aussi. Il souffrait face à ses douleurs internes, leur intensité pouvait parfois lui couper le flux de mots, alors il se reposait, essayait de trouver le sommeil avec des rêves imposés, des bas nylon, des guêpières, des femmes qui jouaient ensemble, des mâles conquérants, ou simplement un repas, une dégustation de bons plats. Il ne vivait plus que pour ce roman, donnant ses forces, donnant son corps et les doutes dans ce support encore flou. Emma, d'autres amies, d'autres libertines l'avaient contacté mais il ne pouvait donner de plaisirs à ses belles, son physique frôlait le vide. Il ne pouvait partager de moments, de paroles, car sa concentration le retenait.







Il ne voulait mêler de plus les rêves érotiques et charnelles, parfois profondément fétichistes, parfois même délirants et sournois de son duo de héros, cette femme et cet homme, avec les désirs des autres, avec un paradoxe différent de ses propres envies. Il était un simple pousseur de mots, un homme bien plus commun que l'image idéalisée de ses lectrices. Il n'était pas son héros, jamais il ne l'avait été, ni même un instant souhaité, et encore moins en transfert vers ses chapitres. Il écrivait facilement certes, des lignes et des lignes érotiques, pleines de volupté, mais cela n'était qu'une cuisine gourmande par un gourmet.


Trouble, c'était le mot qui accompagnait le sensuel, le prochain chapitre qui donnerait la main, les doigts, le sexe à son corps, à ce livre, à cet enveloppe de chapitres et de phrases trop longues, à ces jouissances virtuelles, mais aussi à sa fatigue bien réelle. Tout se brouillait tout en s'organisant toujours plus et en remplissant les pages.





John n'avait finalement ouvert qu'à une femme, leur relation était  bien plus complexe que le jugement des autres, et  les cases associées pour ranger celle-ci. Elle était là, devenue ombre derrière son obsession, sa noyade dans l'océan des mots. De temps à autre, elle lui fournissait du thé, chaud ou tiède, des litres depuis des jours, en glissant aussi des mets qu'il ne touchait à peine, ce sens gustatif étant devenu annexe. Elle le couvrait quand il s'endormait sur son canapé, là, épuisé de donner ses mains à cet ouvrage, son esprit avec.

Elle se lovait près de lui, lisait, dormait, le suivait dans ses respirations, sa folle course sur cette silhouette.





Hier, il avait fait un arrêt, tranquillement, il avait accepté d'être sucer, d'exploser dans sa bouche, de s'écrouler comme dans un point final à un grand chapitre. Puis il avait pris son stylo-plume, délaissant son clavier, pour écrire sur sa peau, des mots doux, sur son dos, il serait le seul lecteur, le seul écrivain de ce texte court.

Défaisant une des jarretelles, écrivant sur la cuisse, remontant le nylon dessus.

Puis là, sur ce mont tout doux, chef d'oeuvre de douceur ultime. Encore quelques mots.



Elle avait dormi devant lui, ainsi peu vêtue, juste quelques transparences, quelques mots sur sa peau intime, et il avait repris son roman, le clavier et ses cliquetis dans la nuit.



JohnSteed
Chères lectrices, chers lecteurs, 
Je vais être moins présent, actuellement très pris par diverses activités dont l'écriture d'un livre (là encore un univers de mots). 

Merci de votre fidélité (100.000 pages vues)

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